Max ne pouvait pas être plus paumé que ça. Il ne comprenait rien... Mais absolument rien... Et il devait suivre le mouvement de toute manière. C'était la meilleure chose qu'il avait à faire... Il s'était réveillé chez ses gens qu'il ne connaissait pas, mais qui semblaient le connaître. Visiblement, il était toujours Max... Mais un Max différent. Déjà, il se retrouvait avec une allure humaine. Sa truffe, ses oreilles et tout ce qui faisait de lui un chien anthropomorphe avait disparut. Mais... Il ne pouvait l'expliquer... Il restait lui. Il pouvait même se reconnaître dans la glace. C'était lui en humain...

Franchement, il ne savait pas ce qu'il s'était passé. Il s'était endormi dans sa piaule à la fac et s'était réveillé là. Il posa beaucoup de questions autour de lui... Il sentait que les gens le prenaient pour un type bizarre... Mais... Que pouvait il faire d'autre ? Son père... Où était son père ? C'était aussi la question dont il s'était posé... Il avait un peu appris le topo de ca Max qui vivait là. Il était en famille d'accueil, et son père n'avait plus sa garde.

Bordel. C'est quoi ce bordel ?

Il ne put comprendre pas grand chose qu'on lui annonça qu'il devait aller en cours au lycée. Max rit en se disant qu'il était à la fac, il était diplômé... On lui apprit qu'il avait redoublé. Cela ressemblait à un mauvais cauchemars et il allait surement se réveiller bientôt, c'est ca ? Ou c'est une farce... Par contre elle est drôlement bien montée comme farce si c'est ça.

Il alla sur la route du lycée alors... Il n'avait pas trop le choix si ? Mais où était cette saleté de lycée d'ailleurs... Il prit le nom et suivit le gps de son téléphone. Quelques minutes plus tard, il arriva dans ce bahut qui est censé être le sien... Il entra, son regard se posant sur tout, ses deux mains bien accroché à son sac, comme si sa vie en dépendait... Il arpentait les couloirs de cette école. Certains visages se tournent vers lui et chuchote... Il ne devait pas y faire attention et aller à son casier.

Son casier... C'était lequel d'ailleurs ? Il se tourna vers la longue rangée des casiers de sa classe et soupira, en se frottant le front. Il avait juste envie de se tirer de là le plus rapidement possible et aller se terrer dans un coin. Fermer les yeux longtemps et se dire que ca n'était qu'un rêve. Qu'il se réveillerait à la fac et qu'il n'avait fait qu'un affreux cauchemars.

Alors qu'il se frottait le front pour se reprendre, il sentit qu'on le bouscula légèrement par l'épaule. Il se redressa, fronça les sourcils et posa ses yeux sur la personne qui était en face de lui. Il la détailla avec une légère grimace.

Jeune fille rousse de son âge. Plutôt mignonne, il faut l'avouer... Mais il ne savait pas ce qu'elle lui voulait... Il n'avait pas encore l'habitude d'identifier les gens avec ces nouveaux visages.

" Tu cherches quelque chose ? Tu as besoin de quelque chose ? Tu veux me parler ? T'as un soucis avec moi ? " Il se frotta la nuque... Voyant que ses questions étaient clairement nombreuses mais c'était tout ce qu'il se posait immédiatement dans la tête, sans filtre. " On se connaît ? " Bien sûr, vu qu'elle vient le voir. Il sentit une accolade dans son dos d'un grand gaillard footballer qui passa derrière lui et qui lui lança. " Tu racoles encore Goof ? " Max fit volte face, le mec leva son pouce pour lui dire qu'il était cool. " Heu... Ouais... Ouais... Cool ouais... " Il lui rendit son pouce en l'air, son rire caractéristique nerveux le prenant... Il se colla alors la main sur la bouche pour l'empêcher de sortir... Par contre, y'a des choses qui changent pas... Et visiblement ca... Ca n'avait pas changé... Un Goof reste un Goof visiblement...

Je me sens d'une stupidité déconcertante. Je ne sais pas comment j'ai pu me faire avoir aussi facilement. Enfin, si. Je sais très bien. Quand je me suis retrouvé ici, découvrir quelqu'un avec le nom de Max, j'avais bêtement cru... Je ne sais pas, au fond. Retrouvé quelques choses qui me manque, retrouvé une personne importante pour moi malgré ce qui a pu se passer ? Et maintenant, maintenant. Je suis de retour à la case départ. Parce que je me suis fait avoir par des belles paroles, par un physique attrayant... Et par une présence réconfortante quand le bordel au lycée devenait ingérable. Et pourquoi, au final ? Pour me faire jeter via un pauvre message sur un téléphone.

Le réveil à sonné ce matin et je n'avais pas envie de me lever. Pas envie d'affronter les idiots autour de moi. Mais je n'ai pas la possibilité de sécher mes cours quand c'est mon père qui me dépose. J'ai tenté la négociation pour rester à la maison. Mais autant dire que c'est peine perdue. Avec un peu de chance, Le Goof sera en cours et j'aurai une chance de lui parler... sauf s'il est entouré de groupie. A voir. Je pousse un profond soupire en descendant de la voiture. Je fais un léger signe à mon père temporaire et je le regarde s'en aller. Au fond, je ne sais même pas à quoi m'attendre.

Je prends une profonde inspiration et passe enfin la grille. Si je pouvais marcher la tête haute, fièrement avant. Je suis plutôt à fixer le sol, à éviter le plus de regard possible. Si je ne vois pas les autres, on ne me verra pas, hein ? Est-ce que ça peut marcher dans ce sens là ? Non. Au fond, je le sais. Je rentre dans le lycée et je remarque Max. Et seul, pour une fois. Je passe à côté de lui et bouscule un peu son épaule de ma paume. Je ne sais même pas ce que je veux lui dire à ce con.

Les sourcils froncés, mêmes ses questions m'agacent sérieusement. On se connait. Je lève les yeux au ciel et j'allais ouvrir la bouche mais un grand gaillard passe à côté. Je referme la bouche quasiment automatiquement. Et son rire camouflé est.. ça me dit quelques choses mais je m'en détourne assez rapidement. Je lève les yeux vers la blonde derrière lui. "Il ne peut pas racoler ce qu'il a déjà eu ! Même s'il a des goûts.... douteux comme notre chère Roxanne." Je hausse les sourcils avant de baisser les yeux. Ça fait mal. Je racle ma gorge et ajoute déjà.

- Fait pas l'idiot avec moi. Tu t'es fichus de moi depuis le début, Max ? J'ai pas suffisamment de problème avec les autres idiots comme toi pour que t'en rajoute ? Ça t'a bien amusé, j'espère ? Tu t'es bien vanté ?

Et ça ricane en plus autour de nous. Je quitte son visage pour regarder les élèves. Pourquoi je continue d'aller en cours au final ? Je pourrais peut-être négocier la scolarité à domicile. Je préfère encore supporter une famille qui n'est pas la mienne.

- Je t'ai fais confiance ! Et pourquoi ? Pour que je fasse parti de ton panel d'idiote que tu réussis à coller dans ton lit avant de les larguer avec un pauvre message ?

Au fond, je m'en veux bien plus à moi qu'à lui. Je glisse les mains dans les poches de ma veste et pousse un soupire. Je devrais simplement m'en aller. De toute façon, qu'est ce qu'il me dirait de plus que j'en me fous, ou je ne sais pas. Au moins, je sais qui il est. J'aurai dû m'en rendre compte avant, par contre.

- La prochaine fois, laisse moi dans mes problèmes au lieu de me faire croire que tu veux m'aider !

Il ne comprenait rien... Absolument rien. Il gardait sa main sur sa bouche, les yeux écarquillés à fixer la rouquine en face de lui. Il entendit alors des remarques dans son dos, il se retourna et prit un air étonné. Il se retourna de nouveau vers la fille. Roxanne ? C'était Roxanne ? Mais elle était humaine et... Mais lui aussi...

" Roxanne... " Dit-il dans un souffle, en laissant glisser sa main doucement de son menton.

Il tenta de parler, mais les mots ne sortaient pas et puis... La demoiselle avait beaucoup de choses à lui dire et lui reprocher alors bon... Doucement ses sourcils se froncèrent et il se mit à secouer la tête. Elle lui en voulait encore ? En même temps... Il y avait de quoi... Lui qui avait voulu avoir LA fille populaire de l'école, il l'avait eu à l'époque, mais le succès était aussi monté rapidement à la tête du garçon qui avait commencé à faire n'importe quoi. Il avait fini par se soucier plus de son image que de sa copine. Jusqu'au jour où Stacey, sa meilleure amie, avait voulu l'embrasser... Et Roxanne était tombé sur cette scène. Ce qui avait fini par les faire se séparer.

" Non... Attends... " Il posa ses deux mains sur sa tempe, glissant ses doigts dans ses cheveux, ce qui le décoiffa. Mais il s'en fichait. " S'il te plait... Laisse moi parler... Je sais que j'ai fait n'importe quoi mais... j'ai jamais joué avec toi. Tu le sais... " Il piétina et finit par passer ses mains dans ses cheveux avant d'ajouter. " Et je t'ai déjà dit cent fois que c'est elle qui s'est jetée sur moi, pas l'inverse... Il ne s'est rien passé avec Stacey. Quand j'étais avec toi, j'étais avec toi... S'il te plait... "

Il entendit les gloussements des minettes qui les observaient et profitaient du remue ménage. Max fut clairement agacé. Son nez se plissa sous la colère et ses sourcils se froncèrent sous l'agacement.

" Et vous ? Vous n'avez pas d'autres chats à fouetter ? Barrez vous ! "

Elles s'offusquèrent alors en le dévisageant et en se demandant ce qu'il lui arrivait, avant de se détourner d'eux et de continuer leur route. Max avait l'impression que sa tête allait exploser. Il ne comprenait rien... C'était comme si il venait de se réveiller dans une nouvelle vie. Il se tapa le front du plat de sa main.

" Pourquoi je ne me réveille pas... Je veux me réveiller... Je suis en train de faire un horrible cauchemars... Je veux rentrer chez moi... "

Bon il avait même envie de pleurer à cet instant. Là. Au milieu du couloir rempli d'élèves et face à celle qui semblait être Roxanne... Qui lui reprochait toutes ses erreurs... Celle qu'il n'avait pas pu justifier au final... Il serrait la mâchoire à s'en faire mal aux dents pour ne pas craquer à cet instant.

Attendre. Pourquoi faire. Je relève les yeux vers son visage, sans manquer de voir ses mains dans ses cheveux. Mais je ne comprends pas ce qu'il me dit. Jamais jouer avec moi. J'en doute, clairement. Je ne vois pas comment il peut expliquer ce qu'il fabrique si ce n'est pas jouer avec moi. Mais il a l'air un peu différent quand même... Mais quand il me parle de quelqu'un qui s'est jeté sur lui, mon expression change et je cligne lentement des yeux.

- Attends, de quoi tu me parles, Max ? Je ne connais pas de Sta... Oh..

Ma bouche s'ouvre légèrement sous la surprise. Stacey, c'était ma meilleure amie dans mon monde. Et alors qu'il s'énerve sur les idiotes qui gloussent, je remet un peu dans l'ordre le tout. Il ne disait pas me connaître, ne savait pas ce que je voulais. Et il me parle de Stacey. C'est Max alors ? Celui d'où je viens ? Il frappe son front de sa paume et je pince légèrement mes lèvres entre elle.

- Laisse les... ce n'est pas de toi dont elles se moquent...

Après tout, qui se moquerait de lui, ici ? Il est le populaire du coin. Alors, je ne suis pas surprise de voir les idiotes de tout à l'heure être surprise de la façon dont ils leurs à hurler dessus.
Il est arrivé, ce matin alors ? Comme moi ? Enfin, non. Ca faisait quelques temps de mon côté mais... Je met de côté les quelques commentaires que je peux encore entendre et j'attrape son poignet. J'ai l'impression qu'il commence à paniquer un peu. On ne peut pas continuer de parler au milieu du couloir. Je le tire hors du lycée pour ensuite m'arrêter dans un coin de la cours. J'aurai préféré un endroit plus camouflé mais on ne peut pas faire mieux pour l'instant. Au moins, on ne nous fixe pas à glousser toutes les dix minutes.

- Max, c'est vraiment toi ?

Je repose les yeux sur son visage. C'est bizarre. Je suis un peu perdue, pour le coup. Je lui en veux. C'est clair... Mais... ce n'est pas lui qui a joué avec moi... Enfin, c'est son corps mais pas lui. Je suis confuse, en plus de ça. Je ne sais plus comment réagir au final.

- Respire profondément, je vais tout t'expliquer mais... respire et calme toi..

Je préférerais éviter qu'il ne pleure, qu'il ne panique ou autre. Je ne veux pas le voir dans un tel état. Parce que oui, je sais bien qu'on s'est séparé à cause de cette idiote de Stacey et que ce n'était pas de sa faute. Pas du tout. Mais c'était un tout et Stacey a juste fait exploser ce qui restait. Mais, ça ne change rien. C'est Max. Je pousse finalement un profond soupire.

- Tu t'es réveillé ce matin dans ce corps-là...?

De ce que je vois, il n'a pas encore parlé à Ariel ou Eric. Ils sont dans le même cas que lui et moi. Et il serait moins en train de se poser des questions si ça avait été le cas. Je fini par tirer légèrement sur sa manche pour lui dire de s'asseoir. Je pose mon sac au sol et m’assoit finalement sur ma veste.

- Comment tu te sens...

Max ne se sentait pas terrible et un vent de panique montait en lui. Il y avait clairement de quoi... Il essayait de comprendre ce qu'il se passait mais plus la journée avançait, plus la situation devenait de plus en plus désespérante. Il se tapa le front du plat de sa paume de main. Ferma longuement les yeux très fortement. Espérant les ouvrir et se réveiller et que tout ca ne soit un cauchemars... mais rien n'y faisait...

Roxanne lui attrape alors le poignet ce qui le fit reprendre pied à la réalité autour de lui. Il se retenait d'exploser... De pleurer... D'hurler... De surement partir dans une crise d'hystérie dont il ne comprendrait pas lui-même. Elle le tira... Il se laissa faire... Que pouvait il faire en fin de compte au final ? Ils arrivèrent dans la cours quand elle lâcha son poignet enfin. Il resta là, les bras ballants, le regard toujours aussi perdu. Roxanne se tourne vers lui et lui demande s'il est vraiment Max. Le garçon fit la grimace.

" Bah ouais ? Tu veux que je sois qui d'autre ? "

Il se demandait si c'était une blague ou une question rhétorique sur le coup. Il ne comprenait absolument rien... Elle lui demanda de respirer et de se calmer. Oui, il devait vraiment avoir l'air d'un type complètement à côté de ses baskets qui était prêt à imploser. Il leva le nez autour de lui, mais prit quand même une première inspiration avant de se pincer le haut du nez... Il tourna en rond alors en se frottant la nuque, se retenant son rire nerveux au fond de la gorge...

" C'est stupide... Complètement stupide... Je comprends rien... Tu me gueules dessus et maintenant tu me demandes de me calmer... Et puis... Y'a rien de logique... "

Il se fichait s'il devait se calmer ou non. Alors il n'écouta pas le conseil en fin de compte, sa gorge se noua, ses mains se serrèrent su les lanières de son sac à dos. Roxanne reprit alors la parole... Lui parlant de se réveiller dans ce nouveau corps... Max se figea, cligna plusieurs fois des yeux pour se reprendre.

" Attends... Tu me dis que... Ca veut dire que je ne suis pas dingue c'est ça ? "

Et comment il se sentait ? C'était assez ironique comme question...

" Je suis au bord de l'implosion et je sais même pas si je dois retenir ce qui veut exploser au fond de moi ou pas... Qu'est ce qu'il se passe ? J'étais censé me réveiller dans ma piaule étudiante avec Bobby et P.J. et à la place je vis chez des gens que je ne connais pas... je me retrouve dans ce lycée de... " Il grogna entre ses dents. " ... Et je suis différent. Même... tout est différent ici. Tout ! Regardes mes mains... Mais c'est pas normal..."Il les mit en face de lui pour les fixer et les observer. Rien à voir avec ses mains d'avant... " Et mon père ? Où est mon père ? "

Il se mit à shooter assez fort dans une poubelle qui se reversa en laissant un cri sortir du fond de la gorge. Avant de poser ses deux mains sur ses genoux pour se reprendre et respirer profondément. Roxanne... Roxanne était dans la même galère que lui visiblement... Il ne pouvait pas se permettre de perdre pied. Il se redressa tout en se frottant le visage et se tourna vers elle. Il posa ses deux mains sur ses épaules et posa son regard sur le sien.

" Et toi ? Toi ca va ? Le principal c'est qu'on est pas seul, d'accord ? Mais si tu es là... D'autres peuvent être là non ? Mon père... S'il a atterri ici... Hoooo... " Il ferma les yeux et grimaça. " Je n'ose même pas imaginer les dégâts... "

Bon, ok. On va mettre ça sur l'hystérie de la surprise qu'il soit si... voilà. Je ne vais pas m'énerver plus que ça. Déjà que je l'ai engueulé alors qu'il n'y ait pour rien... Je pousse un léger soupire et lève les yeux au ciel. Il en pose de ses questions bêtes. Mais ce sont les mêmes questions que je posais à Ariel il y a quelques semaines. Alors, je ne peux pas non plus lui en vouloir.

- Je pensais que tu étais encore l'autre toi ! Idiot, je t'aurai pas hurlé dessus si je savais que c'était toi, Max. T'as rien à voir avec tout ce... avec tout ça... Je suis désolé..

J'avoue que je ne sais plus trop comment me conduire avec lui. C'est difficile. Oui, je peux comprendre la confusion. Je lui hurle dessus avant de lui dire de se calmer alors que c'est moi qui devrait me calmer dans tout ça. Je baisse les yeux, honteuse, glissant mes doigts au niveau de mes cheveux situés sur mon épaule. J'aurai peut-être du m'y prendre autrement. Je pousse un soupire et agite finalement la tête de droite à gauche.

- Tu t'es servi de moi et tu m'as jeté comme si je ne valais rien. Enfin, pas toi. Lui, celui qui était à ta place il y a encore quelques jours. J'étais censé faire quoi ? Venir te voir et te dire merci ? Oublie ça.

J'ai la rancune tenace, malheureusement. Si j'étais un tant soit peu violente, je lui aurai mis la tête dans son propre casier. Mais, je ne suis pas violente pour un sous, pas capable de faire de mal à une mouche. Si j'ai déjà du mal à me défendre, comment je peux m'en prendre à quelqu'un d'autres. Je change de sujet pour lui demander s'il s'est réveillé ce matin. Je sais la réponse à la question. Mais autant commencé par le début ? Et je le vois se figer. J'affiche un léger sourire avant d'agiter la tête de droite à gauche.

- Pas plus que dans notre monde, Max. Non.

Ok, la boutade n'était peut-être pas la bienvenue. Mais, je ne sais pas vraiment comment le calmer là. C'était plus simple avant. Je lui demande quand même comment il se sent. Même si je vois déjà bien la montagne de question et d'émotion qui passent les traits de son visage. J'aimerai lui dire que je connais toutes les réponses à ses questions. Mais, c'est faux. Juste. Faux. Mais quand il parle d'être différent, je ne peux qu'être d'accord. Et je ne parle pas que de son physique.

- J'ai eu le temps de te regarder, Max. Tu es humain, comme moi. Autant te dire que ça à été relativement un choc quand je me suis réveillé ici. Tu habites à côté de chez moi. Je connais ta famille d'accueil aussi...

En habitant l'un à côté de l'autre, autant dire que la possibilité était mince de ne pas les connaitre. Ariel et Eric  sont des gens biens. De mondes similaires aux nôtres alors définitivement d'une grande aide. Ariel m'a bien aidé à comprendre. Elle pourra aider Max sans problème. Mais son père, je ne sais pas où il est. Autant dire que l'autre Max s'est bien retenu de me dévoiler ce genre de chose.
Il shoote dans une poubelle qui s'écrase au sol et je sursaute sous l'impact. Le bruit attire l'attention autour de nous et ça ricane encore. Je relève les yeux vers son visage quand il revient et pose ses mains sur mes épaules. Moi ? Est-ce que ça va ? Non. Clairement pas. Je force quand même un sourire sur mon visage, haussant lentement les épaules.

- Non, Max. Ca ne va pas. Mais..c'est pas important. Juste, faire avec.

Je pourrais lui mentir, lui dire que ça va. Mais Max me connaît suffisamment pour savoir repérer mes mensonges même s'ils sont très très rares. Alors autant être honnête. Il le verra bien rapidement de toute façon. Il est populaire. Pas moi. Et c'est visible à 100 mètres. Si je suis là, c'est que d'autres le sont. Je hoche alors la tête avant d'ajouter.

- Ariel, ta mère adoptive vient d'un monde similaire, Eric aussi. Ils pourront t'aider aussi à comprendre, un peu... Jusque là, je n'ai trouvé qu'eux.. Et je n'ai pas rencontré ton père, Max. Je suis désolé. Mais j'espère qu'il va bien s'il est ici.

Autant dire qu'il est d'une maladresse sans nom et se met dans des situations absolument incroyable. Pour l'avoir vu plus d'une fois. Alors, j'ai bien peur qu'il se fasse plus que mal ici. Mais si ce Max est en famille d'accueil, est-ce que son père est le même ? Probablement. Alors, j'espère qu'il est là en bonne santé ou qu'il n'est pas là et dans ce cas, ce n'est probablement qu'une question de temps avant qu'il n'arrive.

- Je pense qu'on peut essayer de le chercher. Peut-être qu'Ariel a des informations sur lui.

D'accord, il ne réfléchissait pas trop aux conséquences de ses gestes et paroles à cet instant, mais il y avait trop d'informations en si peu de temps. C'était si confus dans sa tête... Donc... Il avait Roxanne en face de lui. SA Roxanne. Elle était comme lui mais elle semblait être arrivée avant lui.

Mais ca rimait à quoi tout ce bordel ? Qu'est ce qu'ils foutaient ici ? Comment était-ce arrivé ? Il fallait qu'il arrête ce flot de questions qui ne l'aideraient pas à cet instant présent. Il devait se concentrer sur des choses concrètes.

Elle parla de son autre lui ? Celui dont il était dans le corps. L'autre Max ? Il se secoua la tête et se passa une main dans les cheveux tout en fronçant les sourcils.

" J'aurai jamais fait ca Roxanne... Jamais... "

Et en plus, son alter ego était un ptit con qui se servait des filles visiblement. Bon... Max avait le regard facile sur la gente féminine et c'était son point faible la dragouille de base, mais il n'allait pas jusqu'à ce point là. Mais il savait que c'était en partie ça qui avait mené Max et Roxanne à se séparer. Quand il lui demanda s'il n'était pas dingue... Roxanne lui répondit avec une boutade. Il fit une moue et répondit:

" Très drôle... Mais j'ai pas trop envie de rire là... "

Non la situation n'était pas marrante. Elle était même catastrophique. Il passa ses nerfs sur une poubelle, ce qui attira les regards d'autres élèves. Max s'en fichait royalement. Il était pas chez lui... Et ne comptait pas rester dans cet état là éternellement... Et quand Goof Junior avait une idée en tête, il était difficile de lui en faire sortir. Il s'était reconcentré sur Roxanne et lui demanda si ca allait. Question stupide en soit...

" D'accord... T'habites à côté... Okay... " Il prit l'information qu'elle lui donna avant de répondre à la suite. " Question stupide, je te l'accorde, mais oui, on doit faire avec. Le principal c'est qu'on ne soit pas seul. "

Oui, il était surtout inquiet pour son paternel. Il ne savait pas s'il était en vie ou non et s'il allait bien. Roxanne n'avait aucune information là dessus. Il est vrai que ce matin il ne s'était pas attardé sur la maison où il logeait. Il était sorti assez abruptement. Voulant à tout prix chercher une solution à l'extérieur.

" Ca veut dire qu'il y a d'autres personnes comme nous ici ? "

Il ne pouvait pas rester ici, c'était impossible... Ariel avait des informations peut être ? C'était sa mère adoptive ou un truc du genre ? Rien que cette idée lui retourna la tête. La sonnerie des débuts de cours retentis. Il leva le nez, regarda la foule d'élèves se diriger vers les classes. Il n'avait pas le temps pour ça. Il attrapa le poignet de Roxanne et commença à se diriger dans le sens inverse.

" On se casse d'ici... On a pas de temps à perdre... "

Il vit alors un type à l'entrée qui devait être un pion. Il se stoppa et grimaça quand il se tourna vers elle. Il regarda Roxanne avec de grands yeux et lui dit à mi-voix en se rapprochant d'elle.

" Je suis malade okay ? T'es ma voisine, tu me raccompagnes... "

Sans plus attendre et voyant le pion se rapprocher d'eux. Max feinta de se tenir le ventre et grimaça.

" J'ai mal au ventre monsieur... Roxanne me propose de me raccompagner... Je sais pas si je vais tenir le coup...
- Je connais la rengaine Goof... D'habitude vous êtes quand même plus imaginatif que ça et tirer mademoiselle Bell dans vos combines, ce n'est pas terrible non plus. "

Max ne s'attendait pas à ça. Il garda une grimace sur le visage. Le pion reprit:

" Videz moi vos poches...
- Qu... Quoi ? Dit il pris au dépourvu.
- Allez... Je vous connais bien... "
Max se détacha du bras de Roxanne et enfourna ses mains dans ses poches. Il trouva un paquet de chewing gum, des clefs, un bout de papier et un truc qui ressemblait à un sachet. Il sortit le tout sans se méfier une seconde.

" Voilà... Vous êtes content ? " Dit-il en faisant l'inventaire dans ses mains. Le pion attrapa alors le sachet qu'il avait dans la main et qui contenait une poudre blanche.

" C'est quoi ça ?
- Mais je sais pas ce que c'est... Du sucre ? Du sel... Mais qu'est ce que ca peut vous faire ?
- Du sucre... On ne me l'avait encore jamais faites... "

Il ouvrit le sachet et mis un doigt dedans pour goûter.

" De la drogue... On va de mieux en mieux. "

Le coeur de Max se mit à battre à tout rompre, et la panique monta d'un cran.

" C'est pas à moi... Je vous jure, je savais pas ce que c'était monsieur... C'est pas... "

Il ferma les yeux et prit une grande inspiration. C'était son alter ego qui avait ca dans sa poche, pas lui et il n'avait pas pris le temps d'inspecter les poches de son blouson. Il sentait la galère arriver à grand pas. Il se tourna vers Roxanne, le regard totalement paniqué, il ouvrit et ferma la bouche.

" Mais bien sûr... Dans mon bureau Goof ! On a quelques affaires à régler... D'habitude, vous faites quand même plus le malin que ça... On se rend compte de sa connerie aujourd'hui ? "

Oui. Max n'aurait jamais fait ça. Je le sais. Même si Max avait tendance à draguer et que ça m'agaçait très sérieusement... Disons qu'il n'irait pas jusque-là... Ce Max. Enfin, l'ancien. Si. J'aurai juste du m'en rendre compte un peu avant. Ma boutade ne fait pas effet et je ne suis pas surprise. Il fait une moue et je viens frotter son avant bras. Comme si ça pouvait aider.

J'essayais de lui donner un peu plus d'information. Qu'on ne soit pas les seuls, c'est déjà une bonne chose. Je sais bien que sa question parlait en général. Non, le fait que je sois ici, je ne me sens pas bien. Et encore, la journée démarre relativement bien pour une fois.

- Oui. Ariel et Eric. Je ne sais pas si mon père l'est ou non... Ça n'en a pas l'air. Et ma belle-mère et mon demi-frère sont aussi normaux. Je ne pense pas qu'ils fassent parti de quoi que ce soit de similaires à nous.

Je ne connais pas tout ce qui se passe autour d'une famille d'accueil. Mais je ne sais pas si Ariel connaitra grand chose sur Max. Peut-être se rapprocher de l'agence... Je ne sais pas. J'essayerais de chercher. J'entends la sonnerie et Max, bizarrement fidèle au précédent, ne semble pas vouloir aller en cours. Mais quand il m'attrape la main et m'attire vers la grille, je hausse les sourcils.

- Max, on pourra pas sortir par...

Il me coupe et je hoche la tête. On ne pourra pas sortir par là. On aurait du passer par un autre endroit comme il le fait d'habitude. Je m'arrête à côté de lui et regarde le pion. Il connait mon nom? Ironique. Je reste plutôt silencieuse. Il lui demande de vider ses poches et même moi, je sais que c'est une mauvaise idée... Je remarque assez rapidement ce qu'il cherche, et trouve, dans ses poches.
Alors j'essaye de réfléchir à toute vitesse alors que Max panique. Je pince mes lèvres et ajoute alors.

- Monsieur. C'est déjà limite de proposer de la drogue en dehors du lycée mais je crois que vous risquez votre place en le faisant aussi ici.
- Pardon? C'était dans les poches de Goof, vous l'avez vu le sortir.
- Je n'ai rien vu que vous sortir un étrange sachet et le goûter pour nous dire que c'est de bonne qualité....

Je ne sais pas d'où ca me vient. Mais c'est la seule chose que je peux avoir en-tête à cet instant précis. Je ne sais pas si ça va fonctionner. Du tout. Je relève les yeux vers son visage.

- Vous avez l'habitude de fermer les yeux... Alors continuez à le faire. Je peux aussi appeler Monsieur Madsen de la police pour vous reportez...

Je mens, je fais du chantage. Et clairement, ça ne me fait pas du bien. Je n'ai pas l'habitude d'agir comme ça. Le pion ouvre la bouche mais j'entends mon prénom crier un peu plus loin. Oh boy... Je me retourne déjà et un ballon rempli de peinture rouge s'écrase au niveau de mes pieds. Il explose, colore mon jean et une bonne partie de celui de Max. Je baisse les yeux vers la peinture et ravale difficilement la boule qui se loge dans ma gorge. Si je pouvais me sentir humilié déjà au départ, c'est un peu plus douloureux devant Max. Le pion s'est éclipsé. Bien entendu. Ce lycée à une fâcheuse tendance à se taire sur ce genre de chose. Je relève les yeux vers le groupe hilare avant de murmurer.

- On... on peut sortir... Je suis désolé pour ton pantalon.

Je soupire avec lenteur et tire finalement le bras de Max jusqu'à ce qu'on ne passe la grille. Je lâche son bras pour pouvoir bouger mon sac et l'ouvre. Je récupère un gant de toilette et une bouteille d'eau. Malheureusement, toujours être paré... Je marche jusqu'à un banc et m'asseois dessus. Je laisse tomber mon sac par terre et ouvre la bouteille pour verser un peu d'eau sur le gant. Je me penche et frotte les tâches, pas encore séche, de mon pantalon en espérant que ca ne s'en aille.

- Il faut que je te parle de Max... il est pas.. Pas comme toi. Pas du tout.

Cette histoire était complètement dingue et Max avait du mal à trouver une logique dans tout ça. Il y avait de quoi disjoncter. Il l'aurait surement fait ici au milieu du couloir s'il n'avait pas eu Roxanne près de lui.

Mais comme la situation voulait continuer à être complètement contre lui, c'est alors que le surveillant les arrêta avant de sortir. Il lui demanda de vider ses poches. Max trouva un drôle de paquet... En temps normal, il n'aurait pas fait celà, ce qui était totalement stupide. Mais il n'arrivait pas bien à réfléchir et tout ce qu'il voulait c'était fuir de bahut le plus loin possible. Max n'était pas bien et n'arrivait pas à réfléchir. Il voulait vraiment que ce cauchemars s'arrête.

Alors qu'il se sentait foutu, Roxanne pris le relais et commença à mettre en mauvaise posture le surveillant. Elle connaissait mieux que lui les lieux. Et dire qu'elle était là bien avant lui et seule... Comment avait elle fait pour garder la tête froide ?

Il se contenta de regarder la scène, la bouche mi ouverte, le regard perdu. Il ne savait pas quoi dire, pas comment agir. Ce fut peut être le ballon qui s'écrasa au sol qui le fit revenir à la réalité. Il fronça les sourcils et regarda la bande qui avait fait ca devant le surveillant. Surveillant qui ne réagit pas du tout. Elle le tira alors dehors. Max la suivit sans hésiter. Elle s'excusa pour l'état de son pantalon.

" J'en ai franchement rien à foutre de l'état de mon pantalon Roxanne... C'est plutôt pour toi que je m'inquiète. C'est quoi ce bahut de tarés ? Ils sont tous comme ca là dedans ? "

Elle lui parla de Max... Enfin l'autre lui, il se passa une main dans la nuque tout en évaluant les dégats de son jean totalement bousillé. Il se secoua la tête.

" C'est dingue... Totalement dingue... " Dit il en répétant ça à mi-voix. Il fit une grimace et continua. " Comment ca il est pas comme moi ? Je comprends pas... Il est comment ? Ne me dis pas qu'il fait parti de ces débiles là qui te font la misère ? Roxanne je suis pas comme ca, j'ai été un bouc émissaire dans notre propre école, je sais ce que ca fait... Bon... Okay... J'ai aussi pris la grosse tête par la suite mais ca c'est une autre histoire... Et... Ca n'est pas le moment d'en parler. "

Il se laissa tomber sur le banc, en se cachant le visage dans ses mains.

" C'est surtout pour mon père que je m'inquiète là... " Il soupira, redressa la tête et se rendit compte qu'il n'avait pas dit merci à la demoiselle. " Et merci... Je ne pensais pas que... C'est dingue... J'aurai été dans de beaux draps alors que c'est pas de ma faute... "

Rien à foutre. Oui. Certes. Mais moi, ça m'ennuie. Parce qu'il ne subirait pas s'il n'était pas autour de moi. J'agis surtout comme un aimant à ennuie ici. C'est tout. Une fois installé sur le banc, je tente de m'occuper des dégâts. Parce qu'il ne faut pas que les parents, mes parents, ne le voient. Je ne veux pas avoir a expliquer ou je ne sais quoi encore.

- C'est la loi du plus fort... Tu es populaire, on te laisse tranquille, tu as une tête qui ne revient pas, on te le fait sentir... Dans ce cas précis, c'est moi qu'on ne supporte pas. Et c'est tout les jours...

Je hausse lentement les épaules. Je dois lui parler de Max. Mais, je ne sais même pas si j'en ai réellement envie, au final. Je viens finalement tirer un mouchoir de mon sac pour pouvoir sécher le jean. Je lui tend la bouteille d'eau pour qu'il puisse faire de même avec son jean.
Il est comment. Comment décrire Max. C'est un peu compliqué.

- Eh bien, jusqu'à présent, non. Tu n'as pas fait parti de ceux qui me font la misère. En revanche, ce n'est pas de bonté de coeur parce que c'était pour un but précis... Que tu as eu, au final. Ensuite, il est populaire, à une collection de demoiselle longue comme le bras, tu as des fréquentations douteuses. Max, t'es un adolescent à problème ici.

Je me penche pour pouvoir poser finalement mes coudes sur mes cuisses. J'avoue que je ne sais même pas quoi dire à ce stade. J'aimerai le rassurer, lui dire que tout va bien. Que tout ira bien par la suite mais je n'en sais rien. Si ça se trouve, on est ici pour une bonne raison et on ne rentrera pas chez nous. Au fond, je n'en sais rien du tout.
Je tourne les yeux vers lui quand il glisse son visage dans ses mains. Je me redresse finalement et glisse ma paume dans son dos pour frotter et essayer de le rassurer.

- Je comprends. On demandera à Ariel. Je suis persuadé qu'elle a des informations sur lui..

Il me remercie et j'agite la tête de droite à gauche. Je n'allais pas le laisser dans de beaux draps avec le surveillant... Même si je n'aime pas mentir du tout. Mais si c'est pour sauver Max. Alors... Je le ferais sans hésitation comme j'ai pu le faire maintenant.

- Tu es surveillé par la plupart des professeurs et surveillants. Et à contrario, je suis invisible pour eux. Disons que je peux aider si jamais ça recommence. Et ton père adoptif, Eric. Il est chef de police. N'hésite pas à l'utiliser en cas de soucis... Personne ne veut avoir affaire à un agent de police, que tu ais fait ou non quelques chose.

Probablement la peur de l'uniforme, je n'en sais trop rien. Au fond, tout ce que je sais, c'est que ça tire d'affaire alors, je ne vais pas me plaindre. Je repose mes mains sur mes cuisses et regarde finalement autour de nous. On est pas très loin du lycée. Je ne sais pas trop où on devrait aller.

- Fait attention à toi, Max, s'il te plait. Je m'inquiète pour toi..

Max connaissait bien ca, la lois du plus fort. Il s'était fait trainé aussi dans la boue à ses heures perdus. Si bien qu'il avait fini par en faire des caisses pour qu'on le remarque différemment... Enfin... A la base c'était pour que Roxanne le remarque et sa nouvelle notoriété avait pris d'énorme proportion. Si bien que Max avait gagné un peu trop en confiance et celà avait mené à ce qu'il prenne la grosse tête. Si bien qu'il avait fait de la merde avec celle qu'il aimait. Celà s'était conclu par une séparation assez brutale.

" Roxanne... Pourquoi toi ? Je... Tu as toujours été... populaire... "

C'était idiot ce qu'il disait et il s'en rendait compte. Il s'arrêta au milieu de sa phrase et se râcla la gorge pour se reprendre. Elle lui tendit de quoi nettoyer son pantalon. Il prit ce que Roxanne lui tendit d'un geste un peu nonchalant. Il commença à frotter sans conviction. Sa tête n'était pas à savoir si son jean allait récupérer sa couleur d'origine ou non. Elle lui annonça qu'il avait beaucoup de prétendante. Max haussa les sourcils. Bon d'accord, il avait le regard facile sur la gente féminine et avait tendance à faire son charmeur mais de là à passer à l'action...

" Donc ce que tu me dis, c'est que j'ai voulu t'ajouter à mon tableau de chasse ? Enfin il ? Lui ? Cet autre Max ? Fréquentation douteuse... Je ne pense pas que ce paquet de drogue ait fini tout seul dans ma poche... Dans quoi je me suis mis... "

Il se mit à frotter comme un malade une des tâches par nervosité. Il finit par lâcher le gant et le rendre à Roxanne.

" De toute manière ca sert à rien ton truc, ca ne fait qu'étaler la peinture. "

Mas se passe les mains sur son visage, il sentit la main de Roxanne lui glisser dans le dos. Il soupira longuement en laissant tomber ses mains sur ses genoux et la regarda un moment. Son regard était le même. Celui de Max, le vrai Max, et on pouvait le voir juste en le fixant un instant. Il n'avait rien à voir avec l'autre coureur de jupon.

" J'espère... Tu m'accompagneras ? Je... Je sais pas quoi leur dire... Et puis ce matin je suis parti comme un voleur en plus... "

Mais il était tellement perturbé... Il la laissa parler. Elle parla d'Eric qui était flic, des professeurs qui le surveillaient. Ca sentait incroyablement mauvais ici. Elle s'inquiétait ? Bien sûr qu'elle s'inquiétait...

" Ca va Roxanne... Tu crois que je vais aller me défoncer avec la clique de camés du quartier ? Ou... Je fais quoi d'autre ici en fait ? Tu sais ? Mais pourquoi ? Pourquoi je ferai ça ? Tu parles de ce Max mais j'ai l'impression que tu parles de moi... " Il soupira pour la énième fois et pivota doucement vers Roxanne. " Je suis désolé... Je suis en train de me plaindre mais toi... Toi t'as été toute seule... Moi je t'ai trouvé tout de suite. Ca m'a évité de me claquer une crise d'angoisse devant tout le lycée... Ou de finir dans le bureau du directeur avec mon joli sachet de drogue. Roxanne. "

Il lui prit la main. Il eut un mouvement de flottement. Celà faisait si longtemps qu'il ne l'avait pas tenue comme ça.

" Je suis là d'accord ? On est à deux, ensemble dans cette galère et je ne te lâcherais pas. Je ferai pas le con, je te le promets. "

Je vois bien que Max ne semble pas comprendre ce soudain revirement de situation. C’est vrai que j’étais populaire. Sans trop faire grand-chose. Mais je n’étais pas le type de populaire à rabaisser les autres. J’étais populaire grâce à Stacey… Et aussi au fait que je sois relativement amis avec tout le monde. Je suppose. Je ne sais pas vraiment lui expliquer. Je viens glisser ma joue sur ma paume.

- Ce n’est pas moi personnellement qui suit la risée du lycée. C’est Roxanne, celle qui était ici avant que je n’arrive. Je ne sais pas ce qu’elle a pu faire pour en arriver là. Tout ce que je sais, c’est que les surveillants et professeurs s’en fichent… comme tu as pu le voir tout à l’heure.

J’explique un peu ce que Max faisait. En avouant assez facilement qu’il n’a pas été tout gentil avec moi sans raison apparente. Et Max n’est pas bête, il peut comprendre où je veux en venir sans que je n’ouvre la bouche pour donner les mots précis. Je hoche alors la tête, affichant un sourire forcé sur mon visage.

- Il a voulu et il a réussi. D’où le fait que je t’ai sauté dessus en arrivant… J’ai reçu un message qui me montrait bien l’idiote que j’ai été et voilà. Non, je doute qu’il soit arrivé tout seul mais s’il en consommait régulièrement, ce que j’ignore, ton corps va sûrement te le réclamer à un moment.

Au fond, ce n’est que de la déduction de mon côté. Je ne sais pas s’il est drogué ou s’il ne faisait que dealer. J’en sais rien du tout. Il frotte sur son jean mais ça ne fait que s’étaler. Je récupère le tissus et le fourre simplement dans le sac. Je voyais bien sa frustration. Alors, j’essaye de le rassurer comme je peux en frottant son dos de ma paume. Ca fait longtemps que ça n’a pas été comme ça… Et ça me manque, je ne peux pas le nier. Je tournais la tête dans sa direction et plongeait mon regard dans le sien. Physiquement, ça reste le même. Mais il n’a pas la même façon de me regarder que l’autre.

- Je vis juste à côté. Je t’accompagnerais, t’en fais pas. Je suis partie comme une voleuse le premier jour aussi. Tu devrais voir le demi-frère de Roxanne, enfin le mien. C’est un idiot de première…

J’avouais facilement que je m’inquiétais pour lui. Pas forcément parce que je sais qu’il fera la même chose que l’ancien Max mais bien parce que tout le monde le voit comme lui. Et donc, le moindre bordel qui se passera autour de lui viendra obligatoirement rendre des comptes à celui-ci.

- Max… tu n’es pas comme lui. Je m’inquiète pour toi parce que les fréquentations de Max peuvent venir te voir… Excuse moi, c’est un peu confus mais tu prendras l’habitude. Je ne sais pas trop ce que tu fais…

Je me doute qu’il n’ira pas se défoncer dans le premier coin de rue. Mais c’est Max. Et je suis autant inquiète pour lui que son père dans un tel monde. Il s’excuse de se plaindre et j’agite déjà la tête de droite à gauche. Je pense qu’on agit tous de la même manière. Je me suis plains ouvertement de mon côté aussi. C’est vrai que je lui ai éviter deux situations plutôt compliqués. Je baisse les yeux sur sa paume quand il prend la mienne. Et instinctivement, malgré tout ça, je presse simplement la mienne. Ca faisait longtemps. Vraiment… Il me rassure et je pince mes lèvres entre elle. Je bouge finalement, lâche sa paume et glisse mes bras autour de lui pour l’enlacer. J’en ai marre de réfléchir. Parce qu’il m’a manqué. Que ce soit depuis que je suis là ou avant. Et ça m’a manqué de l’avoir dans les bras. Et je ne peux pas dire que je ne lui en veux plus. Parce que Stacey et le changement chez Max ne m’ont pas plus. Mais je ne peux pas non plus faire comme si rien ne m’impactait dans cette situation.

- Je ne te lacherais pas non plus. Si tu as besoin de moi, je serais là. Tu m’as manqué, Max.

Je reste quelques secondes avant de me détacher de lui, pour me remettre à ma place initiale sur le banc. Je regarde finalement autour de nous avant d’ajouter.

- Mes parents travaillent, tu veux venir à la maison ? Ou celle d’Ariel ? Elle travaille et Eric aussi. J’ai les clés de chez eux si tu veux chercher des informations dans ses affaires.

C’est ce que j’ai fais personnellement et ça m’a apprit pas mal de chose. Alors, je me dis que ça peut-être tout aussi bénéfique pour lui. D'autant plus que ce serait toujours plus utile que de rester ici à chercher des réponses qu'on ne trouvera pas plus que ça.

- Tu peux aussi regarder dans ton portable, voir s'il reste des appels, messages ou autre.